12 décembre 2024
International : le Mexique bannit le fentanyl sans ordonnance.
Le Parlement mexicain a voté l’interdiction de la production, de la distribution et de la consommation sans ordonnance de fentanyl, ce mercredi 11 décembre. Une mesure nécessaire face aux pressions exercées par les États-Unis.
Adoptée par 110 voix pour et cinq contre au Sénat, cette réforme constitutionnelle est une initiative portée par la gauche au pouvoir. Déjà approuvé par la Chambre des députés, le texte doit encore être ratifié par les parlements des 32 États du Mexique.
Le fentanyl, un puissant opioïde aux effets dévastateurs pour la santé, est devenu une cible prioritaire des pouvoirs publics. Cinquante fois plus puissant que l'héroïne, il peut provoquer des troubles psychiatriques, des détresses respiratoires, voire entraîner la mort. En 2023, environ 70 000 personnes sont décédées d'une overdose liée à cette substance aux États-Unis.
Le fentanyl, au cœur des tensions diplomatiques
Réélu récemment, le président américain Donald Trump a exigé que le Mexique prenne des mesures radicales contre le trafic de cette drogue de synthèse, devenu un enjeu majeur de santé publique. Aux États-Unis, une personne meurt des effets du fentanyl toutes les sept minutes en moyenne.
Pour lutter contre ce fléau, Donald Trump a même menacé d’imposer des droits de douane de 25 % si les cartels et l’immigration illégale ne cessent pas. Produit phare des narcotrafiquants mexicains, cet opioïde est facile à fabriquer et extrêmement rentable. Bertrand Monnet, professeur à l’EDHEC et titulaire de la chaire Management des risques criminels, met en garde contre sa composition : « Dans une dose, il n’y a pas que du fentanyl. J’insiste sur ce point-là. Généralement, c’est mélangé à d’autres drogues. »
À lire aussi : Du cartel mexicain de Sinaloa aux rues de New York : au cœur du business du fentanyl.
Washington accuse également les cartels mexicains de produire et de vendre du fentanyl à partir d’intrants de Chine. Le président américain reproche à Pékin de ne pas agir suffisamment contre ce trafic de drogue de synthèse, hautement addictive. De son côté, la Chine dément l’existence d’un trafic illégal entre son territoire et le Mexique, tout en promettant de renforcer les contrôles.
En réponse à ces critiques, le Mexique souhaite adopter cette réforme comme un acte de responsabilité. Une manière de montrer sa coopération internationale face à une véritable crise sanitaire sans frontières.